On aurait dit que les nuages souriaient Louis
On aurait dit que les nuages souriaient
Louis Guilloux
On aurait dit que les nuages souriaient
Louis Guilloux
Chapelets de mouette sur le parapet, à mesure que j'avance, elles s'envolent pour se reposer ensuite. Ondulation, holla plumassière. Ballet agité au dessus des flots. Pourquoi à cet endroit-ci plutôt qu'un autre ? Un quignon de pain dur est à la dérive. Picorage en piqué, en vol plané. Aucune ne l'accoste à la nage, elles volent.
Ce pays imbécile où jamais il ne pleut
Georges Brassens
Ce matin, pas de bancs de brouillards, mais une belle nuit noire, un ciel lustré, l’Odet tant immobile et luisant que la moindre source lumineuse s’y reflète. Les mouettes volent à fleur d’eau, sans la froisser. Grande flèche lumineuse, faite de pointillés, qui converge des deux berges vers un point de fuite, celui-ci est épinglé d’une cathédrale.
Le soleil dore les nuages, qu’il va percer. Déjà, le brouillard se dissipe. Les toiles d’araignées brillent au soleil, retenant prisonnières des gouttes de rosée. Les buissons sont comme drapés de cette fragile dentelle ajourée. Un arbre – c’est un chêne, est décoré comme le serait un sapin à l’aube du 24 décembre. Guirlandes de minuscules lampions. Les araignées auraient aussi mauvais goût que moi, en matière de lampion ? Sourire complice, clin d’œil à l’araignée. Sur le talus, une toile tendue entre deux graminées, une cible, avec en son centre un diamant liquide.
Dégustateur de brume, ce pourrait être un métier d’art
Claude Roy
Lorsque le jour se lève, le monde a littéralement disparu. La ville baigne dans le brouillard, infuse telle une grenouille dans une bouteille d’alcool. « Heureux crapaud » a dit Max Jacob, à propos de tout autre chose. Heureuse grenouille dans son bocal d’éternité. Quoi que. Ce sont les vacances scolaires, les éclats de vie ont laissé la place à l’outre silence.
Trentième anniversaire de la tempête dévastatrice de 1987. Le vent souffle en rafales, la pluie s’invite. Roulements de tambour assourdissant, les velux font caisse de résonnance. Les éléments s’apaisent vers deux heures du matin. Dans la pénombre, je regarde par la fenêtre : les flèches de la cathédrale sont toujours là.
Le vent souffle en bourrasques, c’est assourdissant et impressionnant, je ne suis pas tranquille. Ballet des sirènes, celles des véhicules de secours. L’Odet n’est pas en crue, ce seront donc des arbres déracinés qui coupent les axes de circulation.
A propos de ce fichu vent, Sylvain Tesson dit joliment : Non content de vous ralentir, le vent (pour peu qu’il soit contraire) est un fluide délétère qui rampe dans l’âme et la vide de son énergie, il s’immisce dans l’esprit pour en devenir l’unique préoccupation, il caresse le corps entier, indifférent à la haine que lui voue chacune des cellules de la peau, il sape l’élan vital de celui qui l’affronte. Il conclut : Le vent est le souffle du diable.